Ces spéculations peuvent paraître bâties sur des déductions bien fumeuses ; mais l’inceste, le fratricide, l’avortement, l’empoisonnement sont choses courantes dans le roman gothique, dans la lignée de laquelle Poe se place. Les lecteurs originaux des œuvres de Poe connaissaient ces romans et les clichés du genre. Poe lui-même est pleinement conscient des énormités dont sont coupables les auteurs gothiques, et s’en moque d’ailleurs souvent. Dans La Chute de la maison Usher, il ne se rend jamais ouvertement coupable d’énormités de ce style, mais il laisse les indices qui permettent aux lecteurs gothiques de les imaginer.
Cette dimension parodique de Poe mérite d’être mieux connue qu’elle ne l’est, car elle aide à expliquer pourquoi les décors de Poe peuvent sembler si friables. C’est qu’il échafaude ses récits avec les clichés gothiques tout en sachant bien qu’ils sont purement sensationnels (dans le sens originel de vouloir provoquer des sensations fortes chez le lecteur). Mais ce n’est pas avec ces détails qu’il crée son effet ; même les événements, nous l’avons vu, sont second