Le chant du monde

par

Antonio

Pêcheur, Antonio est l’homme du fleuve, il est le fleuve. On l’a surnommé « Bouche d’Or », « parce que tu sais parler » lui dit simplement Junie. Dans ce pays rude où les gens sont taciturnes, il plaît grâce à son verbe facile, non pas bassement séduisant mais poétique et toujours juste et bienveillant.

C’est un homme rude que le froid, la pluie, la faim semblent ne jamais affecter. « C’était un homme au plein de l’âge. Il avait les bras longs, de petits poignets et les mains longues. Ses épaules montaient un peu. Sa chair était souple et forte, toute armurée de muscles doux et solides. » Il donne l’image d’un être venu du fond des temps, quand les demi-dieux vivaient avec les hommes ; il est comme un témoin des cultes anciens, comme une divinité païenne : « tous les matins, Antonio se mettait nu. D’ordinaire, sa journée commençait par une lente traversée du gros bras noir du fleuve. Il se laissait porter par les courants ; il tâtait les nœuds de tous les remous ; il touchait avec le sensible de ses cuisses les longs muscles du fleuve et, tout en nageant, il sentait, avec son ventre, si l’eau portait, s

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