Le Divertissement Pascalien

nous précipite tous les jours un peu plus vers la mort, le corps garde [21] cette avance irréparable. Enfin, l'essentiel de cette contradiction réside dans ce que j'appellerai l'esquive parce qu'elle est à la fois moins et plus que le divertissement au sens pascalien. L'esquive mortelle qui fait le troisième thème de cet essai, c'est l'espoir. Espoir d'une autre vie qu'il faut « mériter », ou tricherie de ceux qui vivent non pour la vie elle-même, mais pour quelque grande idée qui la dépasse, la sublime

Elle est la spécificité d’une nature 75 humaine qui ne se contente pas de vivre mais cherche les raisons de vivre. Tout homme la rencontre un jour ou l’autre à l’occasion d’une maladie ou de la perte d’un être cher. Il peut se divertir, au sens pascalien du verbe, pour l’écarter, mais elle demeure en lui, à l’affût, redoutable : pourquoi vivre et pour quoi vivre ? Nous l’ignorons. « Je ne sais, dit Pascal, qui m’a mis au monde, ni ce que c’est que le monde, ni que moi-même. Je suis dans une ignorance

fréquemment modifié et augmenté brusquement d'un second volume, avait été commencé en 1917, mais Cendrars ne le publia qu'en 1929. Ce n’est pas un simple un roman d'aventures quelque peu excessif : le héros trouve dans l’action frénétique un divertissement pascalien plutôt qu’une joie véritable. Cendrars, qui avait fait plusieurs voyages en Amérique du Sud et notamment au Chili, donna à son récit la précision des documentaires sur la flore et la faune de ces terres désolées, sur les mœurs des baleiniers

du Mal : « Le Voyage ». Il est en vain de chercher des différences : toutes les civilisations, tous les régimes politiques, toutes les religions se valent et valent ce que vaut une humanité corrompue. Tout voyage terrestre n’est qu’agitation et divertissement, exister c’est un péché. La seule évasion possible, c’est la mort. Un autre thème qui est, on peut dire, dominant, c’est le spleen. On pourrait, à partir des quelques poèmes, décrire l’enfer baudelairien comme une correspondance parfaite

prend ici, visiblement la forme de la dualité matière esprit, et qu’on appellerait peut être aujourd’hui dualité du conscient et de l’inconscient. Le narrateur semble résoudre cette contradiction soit par la sublimation soit par le divertissement dans un sens quasi pascalien, qui, de toutes façons prend la forme du travail. Quoi qu’il en soit, la mort du modèle n’aura perturbé le peintre que quelques heures, heures perdues mais vites rattrapées si on en croit la surplus de vivacité avec laquelle il s’atèle

un prétendu bonheur à travers le divertissement. Nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais selon Pascal. Le divertissement, qu’il s’agisse des loisirs ou du travail, est toujours une manière de fuir l’Ennui qui chez Pascal désigne le néant d’une existence coupée de Dieu. Spinoza est d’un pessimisme moins radical que Pascal, mais son déterminisme scientifique rejoint dans ses conséquences le fatalisme religieux pascalien. A partir du moment où toute liberté

d’un phénomène dans le temps, elle peut être à la fois le terme et le but. Quant à la « partie », le mot venant du verbe « partager », elle suppose l’idée d’un rapport entre plusieurs personnes, ou actants*, établi plus spécifiquement autour d’un divertissement, ou d’un combat ou d’une lutte. On peut imaginer que cette « fin de partie » renvoie à la fin de vie dans laquelle sont englués les personnages, à la fin d’un monde – ainsi que le suggère le décor, ou encore à la fin d’un jeu : la vie serait-elle

d’un phénomène dans le temps, elle peut être à la fois le terme et le but. Quant à la « partie », le mot venant du verbe « partager », elle suppose l’idée d’un rapport entre plusieurs personnes, ou actants*, établi plus spécifiquement autour d’un divertissement, ou d’un combat ou d’une lutte. On peut imaginer que cette « fin de partie » renvoie à la fin de vie dans laquelle sont englués les personnages, à la fin d’un monde – ainsi que le suggère le décor – ou encore à la fin d’un jeu : la vie serait-elle

la trajectoire de la flèche d’Achille, susceptible d’être infiniment fragmentée, faisant reculer les limites de la fin jusqu’à une « fin inouïe » (p. 65). On peut prendre cette « fin inouïe » dans un autre sens : la mort serait aussi l’ultime divertissement d’une vie monotone, vouée à la répétition. La pièce multiplie la répétition des mêmes gestes et des mêmes bribes de dialogues : réitération de la demande du calmant, jeux avec la lunette, questions sur l’heure, etc. « Toute la vie les mêmes

vie déchue a son sens existential dans l’ekstase du présent en sa forme inauthentique, la présentification, qui sous-tend la préoccupation envers les choses. Les principales caractéristi- ques de la déchéance, qui n’est pas sans rappeler le divertissement pascalien, sont la curiosité, l’instabilité, la dispersion, l’échappement (Entspringen) continuel du présent, qui échappe au Dasein, l’agitation, l’oubli croissant, l’aliénation (Entfremdung). Ce mode d’existence impropre est une sorte de fuite en