Le dernier jour d'un condamné

par

Le gendarme

En d’autres circonstances, on qualifierait le personnage de comique. C’est un « homme à front déprimé, des yeux de bœuf, une figure inepte » qui vient surveiller le condamné dans sa cellule à la Conciergerie, quelques heures avant l’exécution. Il s’adresse au narrateur respectueusement, en l’appelant « criminel » comme il l’appellerait Monsieur. Il sollicite une faveur : « Il paraît, pardon, criminel, que vous passez aujourd’hui. Il est certain que les morts qu’on fait périr comme ça voient la loterie d’avance. Promettez-moi de venir demain soir […] me donner trois numéros, trois bons. Hein ? » Cet individu allie une formidable imbécillité à un total manque de tact. Le condamné lui propose un marché : « je peux te rendre plus riche que le roi […]. Au lieu de trois numéros, je t’en promets quatre. Change d’habits avec moi ». Le gendarme commence à ôter sa veste, mais réalise soudain que si le condamné s’évade, il ne mourra pas, et alors « et mes numéros ! Pour qu’ils soient bons, il faut que vous soyez mort ». 

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