Le thème de la famille est un thème récurrent dans l’œuvre d’Hervé Bazin. Issu d’une famille atypique et dysfonctionnelle – celle qu’il décrit dans Vipère au poing – il n’est pas étonnant que la famille soit dans son œuvre un milieu toxique, loin de l’image traditionnelle du nid originel.
Le narrateur a une position ambivalente sur sa famille, au sens large du terme : d’une part il est fier de ses origines et se considère comme supérieur à tout ce qui n’est pas de son milieu, mais il pose aussi un regard lucide sur « la célèbre famille Rezeau. Célèbre, évidemment, dans un rayon qui ne dépasse pas celui de la planète, mais qui a dépassé celui du département. » La famille Rezeau n’est pas noble, mais peu s’en faut. Bien que roturière, la famille a des armoiries, « de gueules au lion d’or passant » enregistrées sous Louis XIV au titre bourgeois. Chez les Rezeau, on sert l’Église et les Lettres, et pourquoi pas les deux à la fois. Quand on se marie, c’est entre soi, ou avec quelque riche héritière, comme cette Paule Pluvignec, fille de sénateur, petite-fille de banquier. C’est de la rotur