Elle est la veuve du prince Édouard et bru du feu roi Henri VI. C’est Richard qui est responsable de la mort de son mari et de son beau-père, aussi a-t-elle toutes les raisons de haïr ce personnage. Dans la scène deux de l’acte un, elle accompagne le convoi funèbre de son mari lorsqu’elle croise le chemin de Richard, objet de sa haine et de sa rancune, à juste titre, et les invectives fusent : « Hideux démon », « infection gangrenée de l’homme », « monstre que la pensée ne peut rêver » sont quelques-unes des insultes qu’elle lui jette à la face. Et pourtant, en une scène, Richard la fait basculer dans son camp et la séduit au point qu’il va en faire sa femme. Elle sera la malheureuse épouse du méchant Richard, qui la fera assassiner afin de pouvoir épouser sa nièce Élisabeth.
Anne est-elle donc stupide au point de se laisser séduire par les belles paroles du meurtrier de son mari ? Son chagrin était-il feint ? Shakespeare laisse le spectateur répondre à ses questions, et le laisse devant une évidence : l’extraordinaire pouvoir de manipulation de Richard qui, en une scène, passe du rôle d’a