Starobinski

complexes, constructions retorses, discordances subites, fausses symétries, etc.), la maxime est, selon Barthes, la forme la plus arrogante du langage. Dernière bataille du chevalier désabusé et pessimiste dans le monde indifférencié des courtisans? Starobinski voit dans l'écriture de la maxime une « sorte de rédemption par l'expression » de cette « nature corrompue que l'analyse morale condamnait sans retour ». Ainsi le style, la concision disent-ils dans leur brièveté la philosophie pessimiste de l'auteur

et cette prise de distance induit un processus de modélisation des principes opératoires de l’activité imitée64. En outre, ces passages mettent en évidence la stimulation simultanée d’un double registre sensoriel (le toucher et l’ouïe). Jean Starobinski a démontré que cette « perception mêlée65 » a une fonction cognitive et définit une poétique de « l’écouter-jouir » : le contage, rituel sensualiste voire érotique, éveille les sens de l’auditeur-lecteur qui peut imaginer (au sens d’avoir des

de «plaisir». De plus, selon plusieurs, «en se familiarisant avec des spectacles qui le remplissent de crainte et de pitié, le spectateur s'exerce, s'affermit, et ainsi s'immunise, pour la vie réelle, contre ces défaillances de l'âme». Jean Starobinski écrit, lui, que «participer intensément à une passion représentée, c'est dépenser les énergies qui correspondent à cette passion et c'est, par conséquent, les liquider4». 1. Voir l'entrée «catharsis» dans le Dictionnaire encyclopédique du théâtre

œuvre en projetant, virtuellement certes, un lecteur idéal, une sorte de destinataire bienveillant capable d’accepter le projet scripturaire qu’on lui soumet sans en contester ni la pertinence, ni le bien-fondé, ni la sincérité. ». A cela répond Starobinski en affirmant : « De plus, « je » est confirmé dans sa fonction de sujet par la présence de son corrélat « tu », qui confère au discours sa motivation » ; c’est donc la présence d’un lecteur potentiel à donner à l’autobiographie toute sa valeur et

Héraclès, surgissent et s’entremêlent dans un parfait syncrétisme. S’y ajoutent aussi d’autres personnages qui incarnent la souffrance. Il s’agit là des figures poétiques, des « répondants allégoriquesi » qui, si nous employons le terme de Jean Starobinski, reflètent la figure mythique et en constituent des avatars ou se réduisent à des entités abstraites à part. Ces figues mythiques et poétiques peuvent dédoubler la figure du poète qui, pour surmonter l’horreur de sa condition personnelle, se fige

pp. 120-12T75 (9) «Cette façon de se voir comme un autre, cette objectivation à travers le regard supposé d'autrui est l'un des caractères majeurs de l'ironie : la relation n'est plus de solidarité, d'identité, mais d'extériorité.» (J. Starobinski, La relation critique, Gallimard, 1970, p. 115.) (10) Rilke, Lettres à un jeune poète. Seuil, 1966, p. 304. (11) A. Billy, Avec Apollinaire, La Palatine, 1966, pp. 13-14. [40] (12) Anecdotiques, Gallimard, 1955, PP.

société contemporaine de Montesquieu. On met donc en parallèle une situation romanesque fictive avec une situation réelle. La relation entre les femmes et les hommes dans Les Lettres persanes ne serait pas que métaphorique et l’idée développée par Starobinski selon laquelle le suicide de Roxane a une dimension politique prend alors tout son sens. La révolte de la jeune femme symbolise la revendication de liberté et de justice qui répond à quelques-uns des thèmes essentiels de la partie occidentale de

L'érotologie de Baudelaire », dans Revue Mensuelle, Mercure de France, 1er juillet 1920, p. 618 à 637 Ernest Raynaud, Baudelaire et la religion du dandysme, Sambre, 2007. Jean-Paul Sartre, Baudelaire, Gallimard, 1947 (rééd. Folio Essais, 1988). Jean Starobinski, La Mélancolie au miroir. Trois Études sur Baudelaire., Julliard, 1989. Jérôme Thélot, Baudelaire. Violence et poésie, Gallimard, Bibliothèque des idées, 1993. Isabelle Vieville Degeorges, "Baudelaire Clandestin de lui-même", Page aprés Page,

Proust 18. Dans la solitude, tu te dévores toi-même; lorsque tu es au milieu des gens, tu es dévoré par plusieurs; choisis! Fr. Nietzsche 19. Dans notre monde industriel, le savoir acquis durant la période scolaire se déprécie rapidement. J. Starobinski 20. De toutes parts, il n'est question que de " différences " ; chaque peuple, chaque ethnie, chaque religion, chaque région semble vouloir se définir contre les autres; chacun semble dire "mon clocher ou la mort": dans ces conditions, peut-on

parole poétique qui aurait sa propre unité. Comme nous l’aurons compris, pour le poète, la poésie n’est pas un jeu du langage ou un lieu propice aux acrobaties verbales, mais un moyen de se rapprocher du réel et des émotions, comme en atteste Jean Starobinski dans la préface de Poésie: «Le péché majeur, pour lui, serait de ne pouvoir à tout instant contresigner sa poésie par les gestes de la vie, par les nuances authentiques du monde perçu, par les certitudes (le peu de certitude) de la pensée». D'où